Comment oser prendre des risques pour vivre une vie intense

Comment oser prendre des risques pour vivre une vie intense

2019-04-15    13'45''

主播: Julie's little world

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介绍:
Est-ce que vous êtes prêts pour le grand saut ? Le grand saut dans l’inconnu ! Je sais pas pour vous, mais moi, quand on me dit ce genre d'idée, sincèrement, ça me fait un double effet : d'un côté, il y a un frisson d'excitation, parce que, waouh ! La grande aventure! et puis de l'autre, il y a un vrai frisson d'effroi... ça fout les jetons, ces choses-là, vous trouvez pas ? C’est exactement dans ce double état que je me suis retrouvée en 2008, quand finalement j'ai décidé de me jeter dans la grande aventure ! Alors qu’est-ce qui fait qu’entre l’effroi et l’excitation, c’est l’excitation qui l’a emporté ? Eh bien, je dois dire, j'ai eu beaucoup de chance, parce que j'ai été à bonne école, j’ai eu d’excellents professeurs, mes parents. Alors que j'étais une toute petite fille, j'avais environ 2 ans et demi, 3 ans, J’ai eu la chance de croiser sur ma route un couple formidable : Marie-Thérèse et Michel, qui sont devenus mes parents adoptifs. Et quand ils ont décidé de prendre soin de moi, de me recueillir, ils n'en étaient pas à leur coup d'essai : c'était vraiment pas leur plus grand exploit. Il faut savoir qu'au bout de leur grande aventure à eux, eh bien ils auront sauvé, élevé, une vingtaine d'enfants, adoptés, venus du monde entier. Alors, c'est vrai que chaque fois que mes parents se retrouvaient face à un enfant dont la situation était tellement complexe que ça faisait de lui un « inadoptable », ils avaient le cœur déchiré et ils se disaient, on ne peut pas le laisser de côté, on le prend ! Et c’est comme ça que peu à peu, la famille s'est agrandie. Alors ça, c'est véritablement la chose qui m'a toujours épatée chez eux, chez Marie-Thérèse et Michel. C'est le fait qu'ils ne se posaient pas mille questions avant d’agir, ils identifiaient qu'il y avait une urgence, un enfant à sauver, on ne se pose pas plus de questions, on le prend, voilà, on agit. Et pourtant, c'était pas simple ! C'était véritablement risqué. Parce que me parents, ce sont des gens tout simples, du nord de la France, ce ne sont pas des gens fortunés, des gens riches, et donc chaque nouvelle bouche à nourrir, ça représentait un véritable défi. Et pourtant, ils ont sans cesse repoussé les limites, c'étaient véritablement des gens qui, finalement, sautaient dans le vide régulièrement sans même s'en rendre compte et prenaient ces risques-là par amour, tout simplement. C'est vrai qu'on pourrait se dire, c'est pas raisonnable, et c'est vrai que c'est là que ça se passe, au delà du raisonnable. C'est là que les miracles peuvent commencer à agir, rien de moins. Un jour, est arrivée à la maison une petite fille qui avait 5 ans à peine, ma petite sœur Cathy. Cathy, quand elle est arrivée à la maison, elle était toute violence. Durant toute cette petite enfance, ses parents biologiques l'avaient très durement martyrisée. Ils se mettaient régulièrement en colère parce que quand ils l'appelaient, elle ne répondait pas. Pas étonnant, puisque Cathy est née sourde, sourde profonde. Alors le seul langage que Cathy connaissait, c'était celui de la violence. Quand vous vous approchiez de Cathy, elle vous tirait les cheveux, elle vous mordait, elle vous griffait... Pendant des mois, à chaque acte de violence, ma mère va répondre par une caresse. Et jour après jour, semaine après semaine, peu à peu, va émerger à nouveau la véritable nature de Cathy : la douceur. Quelques mois à peine après l’arrivée de Cathy, c’est au tour de Gaston d’arriver à la maison, d'être recueilli. Mon petit frère Gaston, il arrive tout droit du Cameroun, il a 6, 7 ans, et là-bas, alors qu’il était petit, il était tombé dans un feu ce qui lui a donné un aspect effrayant parce qu'il a totalement perdu son visage. Il n’avait plus de visage. Dans la rue, il y avait des gens qui changeaient de trottoir, d'autres en disant : « Enlève ton masque ! » Ça restait un petit garçon. Quand il est arrivé à la maison, Cathy l'a vu de loin, et puis avec des gestes, elle nous a montré qu’elle ne voulait pas s'approcher de lui, qu'elle le trouvait effrayant. Bien entendu, personne ne l'a obligée à s'approcher, Et puis Cathy a commencé à l'observer, de loin, pendant plusieurs jours. Et elle qui est sourde, elle s'est aperçu que Gaston était quasiment aveugle. Parce que dans le feu, il avait perdu un œil et puis l’autre ne voyait plus que quelques dixièmes. Alors peu à peu, elle s'est approchée de Gaston, elle lui a pris la main et puis elle lui a fait visiter toute la maison. Un amour immense entre Gaston et Cathy a commencé à émerger, un amour immense, une tendresse immense de frère et sœur. Voilà, c'est ça qu'on vivait à la maison. c'était ce quotidien-là. Vous savez, ce genre d'aventure, c'est pas simple, et ça pose parfois problème à ceux qui sont les voisins, qui sont les gens du quartier, qui posent un regard critique. Mes parents ont été très critiqués, voire jugés, on les traitaient de fous, d'illuminés… Vous savez, le jugement peut être très sévère pour ceux qui essayent de faire bouger les lignes, qui décident d'agir de façon hors norme. Pourtant, ça vaut la peine. Alors... vous savez, il y a cette phrase de Saint Augustin qui dit : « La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure. » Je crois que ça s'applique véritablement à ce que mes parents ont voulu vivre. Alors voilà, en 2008, j'ai toutes ces valeurs-là qui remontent dans mon cœur, dans mon esprit et ça fait le big bang en moi. Et c'est à ce moment-là que j'ai décidé véritablement de faire le grand saut. Moi, je suis journaliste, j’adore mon métier. À ce moment-là, quand tous ces souvenirs remontent dans ma mémoire, je réalise que finalement, des gens comme mes parents, ce sont des héros. Des héros modernes, des héros de l’amour, des héros dont personne ne parle, des héros de l’ombre, des héros humbles. Parce qu'ils n'ont jamais fait quoi que ce soit pour avoir la lumière ou pour avoir la gloire. Et je me suis dit, mais en fait, des gens comme ça, il y en a plein autour de nous, mais on n'en parle jamais. Et il est temps d'en parler. Et donc je me suis dit, c'est ça que j'ai envie de faire aujourd'hui. Alors c'est là véritablement que j'ai fait le grand saut, c'est-à-dire j’ai quitté le monde des médias traditionnels, les émissions habituelles que j'avais l'habitude de présenter, pour créer une toute nouvelle structure avec laquelle je produis des contenus médiatiques de façon assez originale car totalement philanthropique. Ça s’appelle Le Projet Imagine ; en anglais, The Humble Heroes, les héros humbles. Avec le Projet Imagine, je vais à la rencontre de toutes ces femmes et ces hommes qui osent, qui vont véritablement à la conquête de territoires inconnus, qui y croient. En fait, ces hommes et ces femmes ont identifié auprès d'eux, tout autour d'eux, des problématiques de société, des problématiques différentes qui les ont tellement touchés ou qui les ont révoltés, en tout cas, ils se sont dit, moi maintenant, je remonte les manches et je vais dans l'arène, j'y vais ! Je vais agir. Et faire leur portrait, c'est véritablement un privilège. Parce que c'est là qu'on se rend compte que tout est possible, c'est ça le message qu'ils nous font passer : tout est possible, et ça vaut la peine. Et c'est dans nos mains, ça viendra pas d'en haut, ni des politiques, c'est dans nos mains ! Parce que clairement, si chacun de nous, ici, on décide d'agir, avec nos petits moyens, eh bien, le monde va changer. C'est vrai que très souvent, ces héros, ces héroïnes, font avec très peu de moyens. C'est des gens qui nous ressemblent, ils n'ont pas forcément le porte-monnaie de Bill Gates, ils n'ont pas non plus forcément le cerveau d'Einstein, mais ils ont cette fameuse niaque, ils ont cet esprit de conquérant. Ça, c'est leur richesse. Et véritablement, ils font bouger les lignes, ils repoussent les limites du possible. Donc c'est une source d'inspiration extraordinaire. Donc, on est en 2008 quand je décide de faire le grand saut. Mais vous l'avez compris, à ce moment-là, je flippe ! Franchement, j'ai les jetons ! J'ai peur ! Et c'est normal que j'aie peur, parce qu'on est pas naïf, on sait que la vie n'est pas simple, tout n'est pas rose, et effectivement, d'abord, ça va pas être le succès, ça va être le combat. Je vais d'abord traverser un an et demi de désert. Vraiment la galère. J'ai plus de boulot, j'ai plus de fric, je sais plus comment payer mon loyer, franchement, c'est la totale ! Mais quelque chose en moi ne s'écroule pas. Il y a quelque chose en moi, dans mon cœur qui reste vigilant, qui reste en état d'alerte. J’attends quelque chose, j'attends le miracle. Parce que vous l’avez compris, dans ma famille, on est devenu accro aux miracles ! Et un des plus beaux miracles qu'on a eu la chance de vivre, ça a été l’arrivée de mon petit frère Pierre-Vincent. Un jour, mes parents entendent parler d’un petit garçon de 2 ans et demi qui est dans une pouponnière à Tours. Ce petit garçon, il y a urgence, parce qu'en fait les services sociaux... une pouponnière ne garde que des tout petits enfants, voire des bébés, Et donc, il est arrivé à un âge limite. Les services sociaux n’ont rien trouvé d'autre que d'envisager un transfert dans une institution psychiatrique alors que ce petit garçon est totalement sain d’esprit. Alors, qu'est-ce qui fait que les services sociaux ne savent pas quoi faire de ce petit garçon ? Eh bien, Pierre-Vincent a été abandonné à la naissance alors qu'il est né sans bras et sans jambes. Mes parents sont partis à Tours lui rendre visite, et pour ne pas l’effrayer, ils ont dû endosser une blouse blanche parce qu'il n'avait jamais vu d'autres personnes que du personnel de santé. Et donc ils ont endossé cette blouse blanche pour ne pas l'effrayer. Ils ont rencontré ce petit garçon et ils sont tombés littéralement amoureux de ce petit garçon. Mais ils ne sont pas totalement fous… même si un petit peu quand même ! Ils avaient bien conscience de l'immense responsabilité que ça représentait alors qu'on était déjà une bonne douzaine d'enfants en bas âge à la maison. Et donc, quand ils reviennent, pour la seule et unique fois de notre histoire, ils nous ont rassemblés dans le petit salon de la petite maison de l'époque, et ils nous ont raconté. Ils nous ont dit la situation de Pierre-Vincent, il nous ont parlé de ce petit garçon qui n'a ni bras ni jambes, et ils nous ont dit : « En fait, on veut vous demander la permission, parce que véritablement il faudra être attentif à ses moindres besoins et donc on aura besoin de vous. Alors on vous laisse la journée pour réfléchir et puis ce soir, vous nous direz votre réponse. » Moi, je me souviens très bien, avec ma sœur Hélène, qui est de Bangalore, Inde du sud, -- Il faut savoir que sur son dossier, il était marqué « trop foncée » ; je sais pas si on oserait le marquer noir sur blanc aujourd'hui, mais pourtant, je crois qu'on peut rester vigilant -- Alors on est montées dans ma chambre avec ma sœur Hélène, de Bangalore, Inde du sud, et puis avec ma sœur Virginie qui de Corée du Sud, on a pris une de nos poupées préférées, on lui a enlevé les bras et les jambes pour regarder, c'est quoi le problème exactement ? On l'a regardée, comme ça. Parce que, vous savez, les enfants, c’est très concret ! Puis en regardant cette poupée, mais ça nous a paru évident que ça restait un petit...