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Les règles de politesse qu’il faudrait interdire, qu’on arrête de se faire chier un peu
Par plaisir ou par peur d’offenser, l’Homme s’inflige quotidiennement des règles de politesse qui ne profitent à personne. Pour marquer son respect, il envahit la sphère privée de l’autre tout en se gâchant la vie. On pourrait se passer de tout ça dans une sorte de pacte gagnant-gagnant où la personne à qui vous n’avez pas envie de parler n’aurait pas à vous parler à son tour.
1. Parler à quelqu'un qu'on connaît vaguement dans le métro
Peinard, dans le métro, on lit. Et voilà le petit frère d’untel qui débarque, ou tel collègue d’un autre pôle, et nous voilà tenus de converser avec lui, les yeux rivés sur la frise des stations en espérant une arrivée anticipée. Pourquoi ne pas simplement sourire et retourner à sa lecture ? Tout le monde en sortirait grandi.
2. Enlever ses écouteurs quand on croise quelqu'un dans son immeuble
Si c’est simplement pour dire bonjour, autant le dire sans attendre de réponse. On risque de perdre le fil dans l’émission qu’on écoute à force d’être dérangé par les convenances.
3. Retirer ses gants pour serrer une main en hiver
Les mains ne se serrent pas avec des gants. Mais quand il fait -5, devoir arracher ses gants pour saluer quelqu’un a tout de l’héritage d’un autre âge. Promis, je ne dissimule pas de dague dans mes gants, promis juré, croix de bois, croix de fer : je peux garder mes gants ?
4. Le small talk en général
Si l’on n’a rien à dire à quelqu’un, que ce soit dans un ascenseur, devant une machine à café, dans une voiture ou dans un bar, autant ne rien dire du tout. L’humanité a horreur du silence et le comble de vide. Mieux vaut un silence pesant qu’un brouhaha vide.
5. Dire bonjour deux fois aux caissiers
On leur dit bonjour en posant une question avant qu’ils ne scannent nos articles ; ensuite, arrivés à leur hauteur suite au départ du sourire précédent, on se retrouve à devoir redire bonjour. Ca n’a aucun sens. Alors on dit re-bonjour pour dire quelque chose. Et on se trouve bête. Le mieux serait encore de ne dire bonjour qu’une fois.
6. Parler tout le temps en anglais quand une personne qui ne parle pas français est présente parmi cinq personnes qui parlent français
Et voilà qu’on se retrouve à parler dans une langue étrangère aux personnes qui partagent la même langue maternelle que nous ; les blagues sont appauvries, les conversations s’assèchent, tout devient pénible et, en plus, on a mal à la tête. Pourquoi s’infliger ça ? De toute façon, ce que tu racontes en bilatéral à ton pote n’intéressera pas du tout l’étranger en visite, à moins bien sûr qu’il ne veuille prendre des nouvelles de ton chef et de ta nièce.
7. Remercier les bagnoles qui te laissent passer sur le passage-piéton
Tu es prioritaire, pourquoi remercier ? A part pour encourager les automobilistes à respecter la loi, je ne vois pas. Or, jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas à toi de faire respecter la loi.
8. Servir tout le monde à table quand on s'apprête à se servir
A priori, tu n’es pas plus ou moins qualifié que les autres dans le maniement des couverts à salade ; dès lors, pourquoi te lancer dans un tour de table dans le simple but de ne pas laisser entendre que tu es un gros crevard ? Si chacun se servait à son tour, personne ne se poserait la question de la crevardise. On mangerait, et puis voilà.
9. Faire une remarque à quelqu'un qui sort de chez le coiffeur
Ou qui se laisse pousser la moustache. C’est quand même un événement degré zéro à l’échelle planétaire, et pourtant on se sent obligé de montrer qu’on la remarqué. Désolé, mais je n’ai pas remarqué que deux amibes s’étaient percutées dans l’infiniment petit, alors je ne vois pas pourquoi je remarquerais que t’as changé ta raie de côté.
10. Dire "au revoir, merci" en sortant d'un magasin
Au revoir, c’est le minimum, mais merci… Soit on n’a rien acheté et je ne vois pas ce pour quoi on remercie ; soit on a acheté quelque chose et l’on a donc procédé à une transaction contractuelle où le remerciement n’a définitivement pas sa place.
Les contorsions polies sont le propre de l’homme. Je ne sais pas qui a dit ça, mais c’est très vrai.