riche péquenaud 土豪
Lire la presse aujourd’hui ne suffit pas pour comprendre la formidable évolution du sens du mot tuhao. Les deux caractères tu (la terre) et hao (le héros) forment une expression péjorative. Dans le vocabulaire communiste, le tuhao, propriétaire foncier, est synonyme d’ennemi de classe. Le slogan “Abattons les propriétaires fonciers et partageons leur terres” a ponctué la révolution maoïste jusqu’au début des années 1950. Son impact est encore ancré profondément dans le subconscient national, et se manifeste surtout dans les productions cinématographiques et audiovisuelles. Il n’y a pas longtemps encore, quand la presse a commencé à désigner les entrepreneurs privés comme des tuhao, elle propageait l’idée que ces nouveaux riches étaient sans culture ni morale.
Aujourd’hui, le sens évolue ! Les internautes mènent la révolution en donnant au mot tuhao un sens positif et en appelant à devenir l’ami de ces nouveaux riches. Oui, ils sont sans culture ni tradition, mais ce n’est pas leur faute. C’est la société qui les a fabriqués. Ils sont les produits de l’époque. Bref, ils sont comme tout le monde. C’est à la fois un changement de mentalité contre la tradition égalitariste enracinée dans la culture chinoise et une transgression contre la philosophie de lutte des classes maoïste. Sur le plan sociologique, cette révision sémantique correspond parfaitement à la montée en puissance de la classe moyenne.
—Chen Yan
Calligraphie d’Hélène Ho