今天带来的是B2级别的小说《La tête d&`&un homme》(chapitre 1)
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la derniere danse - Indila
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UN PRISONNIER S’ÉVADE
On entendit, très loin, sonner deux heures. Le prisonnier numéro 9 était assis sur son lit.On voyait surtout ses grandes mains aux doigts maigres qui serraient ses genoux repliés.
Une minute, peut-être deux, il resta irnmobile puis il se mit debout devant son lit ; on voyait mieux ainsi ce grand corps mal dessiné, tête trop grosse, bras trop longs, poitrine creuse. Aucune pensée ne se lisait sur ce visage triste. Un moment, il tourna lentement la tête vers le mur de droite et tendit le poing.
Là, de l&`&autre côté,comme dans quatre autres pièces toutes pareilles,un homme attendait. Il attendait le groupe d&`&hommes habillés de noir qui viendrait, tôt le matin, pour le conduire à la mort.
C&`&est que,depuis cinq jours qu&`&il était là, et toutes les cinq minutes, le condamné numéro 10 pleurait, criait, hurlait. Du couloir, descours, de toute cette grande prison, aucun bruit n&`&arrivait. Seuls s&`&entendaientles cris du numéro10.
Lentement, le numéro 9 s&`&était levé. Il s&`&approchade la porte. Jour et nuit, le couloir était éclairé.
Toutes les heures, un gardien passait pour voir si les condamnés étaient toujours là.
Le numéro 10 avait recommencé à hurler. Pris d&`&unmouvement decolère, le 9 frappala porte du pied ...et la porte s&`&ouvrit ! Au boutdu couloir , la chaise du gardien était bien là, mais vide ...
Alors ]&`&homme se mit à marcher très vite, plié en deux, le regard fou. Trois fois, il revint su
Enfin, il arriva dans une cour ; il faisait nuit mais il reconnut l&`&endroit qu&`&il avait traversé en entrant à la prison. A cent mètres de là, un agent allait et venait devant la porte. Là-haut, une fenêtre était éclairée ; on voyait l’ombre d&`&un homme penché sur un bureau.
Le numéro 9 s&`&était arrêté ; il pensait à la lettre qu&`&il avait trouvée, trois jours plus tôt, collée au fond de son assiette ; il l&`&avait lue et relue plus de vingt fois. Ce matin encore, les yeux fermés, il en voyait chaque mot, et voilà que maintenant tout se mêlait dans sa pauvre tête l
Il allait le le long du mur, s&`&arrêtait au plus léger bruit, repartant vers la gauche, puis vers la droite, sans savoir...
De l’autre côté du mer, à moins de cinquante mètres du prisonnier, un groupe d&`&hommes attendait. Et un de ces hommes était le commissaire Maigret. Debout, les mains dans les poches de son manteau, immobile et aussi tranquille qu&`&à son bureau, il attendait.
Mais, de temps en temps,le feu de sa pipe éclairait son visage. Dix fois, sa main s&`&était posée sur l&`&épaule du juge Coméliau, pour le ramener au calme. Près d&`&eux se tenait Monsieur Gassier, directeur de la prison. On voyait, à son air, que Monsieur le Directeur aurait préféré être dans son lit ...
Il faisait de plus en plus froid. Allait-onattendre encore longtemps? De l&`&autre côté du mur, on entendait le prisonnier qui cherchait toujours sa route.
Les trois hommes, maintenant, étaient inquiets : il fallait que leur évadé trouve la sortie avant que les gardiens ne le rattrapent ! Mais le prisonnier ne trouvait toujours pas le paquet de vêtements et la corde que Maigret avait fait placer pour lui, au pied du mur...
Le directeurde la prisonavait un mauvais sourire : il n&`&était pour rien dans cette folle histoire, c&`&était bien clair ! Le juge Comèliau, lui, ne souriait pas mais il avait du mal à garder son calme. Seul Maigret ne semblait pas inquiet.
Et tout d&`&un coup, les trois hommes levèrent la tête en même temps : là-bas, la corde remuait... Bientôt,on vit quelque chose paraître en haut du mur : c&`&était le visage du 9.
En bas, les trois hommes attendaient. Le prisonnier était-il fatigué ? Il n&`&en finissait pas de monter.
« Mais enfin, qu&`&est-ce qu&`&il fait ? », demanda 1e juge.
Maigret, d&`&un geste, le fit taire. Maintenant, l&`&homme était à cheval sur le mur. Il tira la corde à lui puis la laissa tomber vers la rue. Lentement, il descendit ...
« Quand je pense, dit le juge à Maigret, que vous nous avez demandé de laisser cet assassin
s’évaderet que j&`&ai dit oui! J&`&espère que vous ne vous êtes pas trompé dans vos plans... que vous allez pouvoir suivre cet homme et qu&`&il ne vous échappera pas, car moi, je continue de penser que Heurtin est coupable. »
Maigret ne répondit pas ; il se tourna vers les deux hommes et leur serra la main, en silence. Quand ils furent partis, il marcha le long du mur dans la direction prise par Heurtin. Au coin de la rue, il vit un de ses agents.
« Tu l&`&as vu passer ? demanda Maigret.
- Oui, il est parti dans cette direction. Dufour et l&`&inspecteur Janvier le suivent.
- Très bien, tu peux aller dormir. »
Il était quatre heures du matin quand Maigret poussa la porte de son bureau, quai des Orfèvres. Il enleva son manteau et se laissa tomber sur son fauteuil. En face de lui, il y avait un gros cahier; sur la couverture, en grosses lettres, on pouvait lire:
« AFFAIRE HEURTIN »
À l&`&intérieur, il y avait toute 1&`&enquête, des notes, des photos, des pages de journaux. Une de ces pages portait en tête:
JOSEPH HEURTIN, L&`&ASSASSIN DE MADAME HENDERSONET DE SA DOMESTIQUE ,A ÉTÉ CONDAMNÉ À MORT
Plus loin, on lisait :
Joseph Heurtin, 27 ans, employé chez monsieur Gérard, fleuriste... double crime à Saint-Cloud, chez une riche Américaine... Le commissaire Maigret, de la Police judiciaire, vient d&`&arrêter l&`&assassin de Madame Henderson...
Comme Maigret refermait le cahier, le téléphonesonna.
« Allô! Dufour ?
- Oui, patron, c&`&est moi.
- Eh bien?
- Rien de nouveau. Janvier le surveille toujours.
- Où est-il?
- Dans un petit café, une auberge au bord de la Seine. Ça s&`&appelle La Citanguette mais ce serait trop long à raconter. Je prends un taxi et j&`&arrive.»
Maigret était en train de prendre une tasse de café quand Dufour entra.
«Tu as pris ton petit-déjeuner ?
- Oui, à La Citanguettc. Je vous ai dit ? C&`&est près d&`&Issy-les- Moulineaux.
- Et vous avez fait tout ce chemin à pied ?
- À pied, patron. Il marchait comme un homme qui a bu et qui ne sait plus où il va. On a traversé je ne sais combien de rues ! Janvier les a notées, et aussi tout ce qu&`&il a fait.
- Heurtin a vu qu&`&il était suivi ?
- Je ne crois pas. Il marchait sans se retourner, les cheveux au vent comme un fou.
- Et personne ne lui a parlé?
- Personne. Il est entré deux fois dans un café, puis il a suivi la Seine. Deux ou trois fois aussi, il s&`&est arrêté pour regarder les bateaux sur la rivière. Et quand il repartait, il allait toujours tout droit devant lui, sans rien regarder. Enfin,on est arrivé à La Citanguette, une petite auberge où vont les pêcheurs et aussi les ouvriers d&`&une usine voisine. Je suis entré derrière lui ; il a commandé un café et deux œufs ; ensuite,il a dit au patron de lui donner une chambre et on l&`&a conduit au premier étage. Quand le patron est redescendu, je lui ai dit que j &`&étais de la police et que je voulais savoir gui était cet homme et ce qu&`&il faisait là-haut. Il m&`&a répondu qu&`&il ne le connaissait pas et que l&`&homme s&`&était couché sur le lit sans même fermer la porte et sans enlever ses chaussures.
- Janvier est resté là-bas?
- Oui.
- À tous les deux, vous allez le surveille, sans arrêt. Pensez à ce que dira le juge si nous le perdons !
- Oh ! Patron !
- Je sais que vous connaissez votre travail. Mais c’est ma place que je joue dans cette affaire : que l’homme s’échappe et je n’ai plus qu’à changer de métier...»